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La prière, une école du désir

Destinée à Proba, riche dame romaine, la lettre 130 traite de la prière de demande. S’il nous est demandé de prier, ce n’est pas pour informer Dieu de nos désirs, qu’il ne saurait ignorer, mais pour former en nous le désir de Dieu qui veut nous combler de ses dons. Il s’agit d’ajuster notre désir au don de Dieu.

 

 

 

C’est celui qui sait donner de bonnes choses à ses fils qui nous oblige à demander, à chercher, à frapper (Lc 11, 9-13). Pourquoi Dieu agit-il ainsi, puisqu’il connaît ce qui nous est nécessaire, avant même que nous le lui demandions ? Nous pourrions- nous en inquiéter, si nous ne comprenions pas que le Seigneur notre Dieu n’a certes pas besoin que nous lui fassions connaître notre volonté car il ne peut l’ignorer, mais qu’il veut par la prière exciter et enflammer nos désirs, pour nous rendre capables de recevoir ce qu’il nous prépare. Or ce qu’il nous prépare est chose fort grande, et nous sommes bien petits et bien étroits pour le recevoir. C’est pourquoi il est dit : « Dilatez-vous ; ne portez pas un même joug avec les infidèles. » (2 Co 6, 13-14).

 

Oui, c’est chose bien grande, que l’oeil n’a jamais vue parce qu’elle n’a pas de couleur, que l’homme n’a jamais entendue parce qu’elle n’a pas de son ; qui n’est pas venue dans le coeur de l’homme, parce que c’est vers elle que le coeur de l’homme doit monter (1 Co 2, 9). Nous serons d’autant plus capables de la recevoir que notre foi en elle sera plus grande, notre espérance plus ferme, notre désir plus ardent. Un désir continuel formé dans la foi même, dans l’espérance et la charité, est donc une continuelle prière. Cependant nous prions aussi Dieu verbalement à certaines heures et à certains temps fixés, pour nous avertir par ces signes concrets, pour nous révéler à nous-mêmes les progrès que nous avons fait dans le désir et nous exciter à le rendre plus ardent encore […].

Cela étant il est bon et utile de vaquer longuement à la prière, lorsque de bonnes actions et le devoir d’état ne nous en empêchent pas, quoique dans ces occupations mêmes il faille toujours prier avec ce désir que j’ai mentionné. Car ce n’est pas, comme quelques-uns le pensent, prier longuement que de prier avec beaucoup de paroles. Autre chose est un long discours, autre un sentiment durable du coeur. Du Seigneur lui-même il est dit qu’il passa la nuit en prière et qu’il prolongea sa prière (Lc 6, 12). N’a-t-il pas voulu par là nous donner un exemple, priant dans le temps à l’heure opportune, exauçant avec le Père dans l’éternité.

 

Lettre 130 à Proba.
La prière en Afrique chrétienne,
par A.G. Hamman et Martin Steiner. DDB,
1982, p. 115 sv.

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